Je vous partage un texte tout à fait formidable que j’ai découvert il y a quelques temps. Il porte sur la compréhension de la conception chez les Himbas de Namibie en Afrique australe. Pour eux, la date de naissance d’un enfant est fixée, non pas au moment de sa venue au monde, ni à celui de sa conception, mais bien plus tôt : depuis le jour où l’enfant est pensé dans l’esprit de sa mère.»
J’aime beaucoup cette idée que la conception commence dès lors que la mère s’y prépare. Tout commence par la pensée. C’est vraiment apporter une autre dimension à l’existence. Cette chanson lui serait inspirée par l’enfant à naître et me conforte dans ma croyance que c’est l’enfant qui sa choisit sa mère. (Voir l’article).
«Elle revient à l’homme qui sera le père de l’enfant pour lui enseigner ce chant. Et puis, quand ils font l’amour pour concevoir physiquement l’enfant, ils chantent le chant de l’enfant, afin de l’inviter.» C’est un positionnement totalement différent concernant l’enfant à naître. Cela implique une collaboration consciente entre des êtres visibles et invisibles, une complicité entre les différentes parties concernées.
Et la suite est toujours formidable, cet ensemble de sons, cette mélodie qui l’identifie est partagée par tout le village. Cette mélodie est utilisée pour l’accueillir, pour le consoler, pour le féliciter, pour son mariage ou autre événement heureux, mais aussi quand il agit mal.
« Si, à n’importe quel moment au cours de sa vie, la personne commet un crime ou un acte social aberrant, l’individu est appelé au centre du village et les gens de la communauté forment un cercle autour de lui. Puis ils chantent sa chanson. La tribu reconnaît que la correction d’un comportement antisocial ne passe pas par la punition, c’est par l’amour et le rappel de l’identité. Lorsque vous reconnaissez votre propre chanson, vous n’avez pas envie ou besoin de faire quoi que ce soit qui nuirait à l’autre. »
Lui rappeler son identité. Ce processus est tout simplement ingénieux:
A Si la chanson est inspirée par l’enfant à naître, c’est qu’il fait le choix de venir. Dès là il a plein pouvoir conscient sur son existence. Il grandit en étant conscient qu’il a choisi de venir. Il n’est pas juste le fruit d’un éventuel amour, ni dépendant de quoi que ce soit, il a choisi de venir.
B Cette mélodie connue et chantée par tous, l’imprègne de façon positive. Il est quelque chose de mélodieux, et ce simple son entendu dans des contextes bienveillants le conditionne à quelque chose de bon.
C Il est conditionné à réagir positivement à ce son. Ce qui déclenche forcément une réaction intéressante lorsque l’entend à un moment où il pourrait s’éloigner de son chemin de départ. Elle déclenche instantanément des émotions positives, ravive des souvenirs agréables, effets garantis !
C’est un élément formidable dans la construction de l’individu, une vibration qui l’accompagne et le ramène à lui-même. Un son qui l’appelle à exister harmonieusement, comme il le prévoyait en venant.
Ce texte m’a d’autant plus touchée que sans connaître ces choses, j’ai inventé une berceuse à chacun de mes enfants, mais à leur naissance. Quand je vous dis que le savoir est déjà en nous…
Les années passants, j’ai arrêté de la leur chanter. Et il y a quelques années, la discussion s’est présentée avec mes filles. Elles étaient émues de savoir qu’elles avaient leur propre chanson. Une chanson unique, inventée spécialement pour elle. L’émotion était encore plus grande quand je leur ai chanté à chacune leur mélodie : elle s’en rappelait !
Je pense que ce sont des choses qui peuvent marquer profondément un individu. Les rituels contribuent fortement à la construction identitaire. Ce sont des choses que nous pouvons restaurer ou réinventer. Ces principes qui, en disparaissant laisse la place à la dépression…
Ps: Mes articles sont les prémices d'un projet plus important qui me tient à coeur: rencontrer ses populations. Vous pourrez suivre mes aventures et même y participer
Pour voir l’article en entier : https://rogierfsc.wordpress.com/2018/01/31/le-tribut-de-la-tribu/
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