On apprend en criminologie qu'un crime ne se fait pas par hasard et que l'on est pas victime par hasard.
Il faut qu'il y ait un agresseur potentiel, dans une situation favorable avec une victime potentielle. Mais là il s'agit d'un moment ponctuel, on peut le cibler et le traiter pour qu'il y ait une suite constructive.
Il y a cependant des situations qui durent, des situations dans lesquelles être une victime est un statut social, une identité, un état.
Il s'est passé quelque chose à un moment, puis, la personne qui a été victime devient une Victime. C'est son identité, le paradigme central de sa vie. Oui il y a le fait d'être victime de quelque chose, et le fait d'être une victime. D'un côté il y a une situation bien définie et de l'autre côté une dynamique de vie.
Que signifie être une Victime?
Toutes tes réflexions, tes décisions, tes émotions sont liées de près ou de loin à ton agresseur. Il est déjà à deux bornes de chez toi, mais tu es encore au même endroit. Tu entretiens de la colère, de la haine, alors qu'il s'enjaille sur d'autres projets. Ta colère est légitime, mais elle fait de toi la proie de ses actions.
Tu attends une reconnaissance, une réparation, ou que le feu descende du ciel. Comme si sans cela, aucune vie ne peut reprendre. En fait, avec cette attitude tu remets juste ta vie entre les mains de ton bourreau. Car cela signifie qu'en dehors de sa volonté point de salut pour toi. Donc tu acceptes, que ta vie, que ton bonheur lui appartienne.
Toutes tes réflexions tournent autour de lui, tu ne peux pas réfléchir à autre chose qu'à ses actions qui ponctuent ta propre vie. Tout ce qu'il fait ou qu'il ne fait pas, la façon dont il le fait t'affectent. Tout est une occasion de raviver la douleur.
Ta façon même de te percevoir dépend de ton bourreau. Tu définis ce que tu es ou pas en fonction de comment il a pu te voir. Son regard devient ta référence et tu es incapable de te définir en dehors de votre vécu commun.
En fait tu es comme dans un manège à douleur. Confortablement assis sur un siège représentatif de ce que tu as vécu. Et tu tournes en rond sans distinguer ce qui se passe en dehors du manège. le seul point que tu as tout le loisir d'observer c'est le pilier central, le bourreau, tout se fait par rapport à lui, ton existence gravite autour de lui.
Tu sais à quel moment je vois des Victimes?
Quand je regarde les femmes. Beaucoup de femmes fonctionnent par rapport, à travers, pour, contre ce qui les dérange dans leurs rapports aux hommes. Toute leur vie, leurs émotions, leurs décisions, tournent autour d'idées d'injustice. Pas d'émancipation, on reste dans le manège à douleur le pilier central est l'idée qu'elles ont des hommes. Il y a des hauts et des bas, des sensations de mouvement, mais le cycle reste le même.
Le deuxième groupe est celui des afro-descendants déportés. Souvent dans une dynamique générale où tout tourne autour des descendants des maîtres. Ce qu'ils font ou ne font pas impacte pleinement leur réalité. Toujours à l'affût d'une gratification ou d'un outrage potentiel.
Tout ce qui est possible, l'est en fonction de ce qu'autorise le bourreau. Les combats à mener découlent de l'actualité du bourreau, les avancées aussi.
S'émanciper, c'est sortir de ce manège parce qu'il ne s'y passera rien de nouveau ou de bon.
Dans quel manège es-tu? Quelle expérience passée régit ta vie actuelle? Quel ex détient les clés de ton bonheur? A quoi, a qui penses-tu tous les jours? Qu'est ce qui justifie de nombreuses situations dans ta vie?
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