Ce titre vous choque ? C’est pourtant que vous ne cessez de répéter au quotidien, tout en revendiquant la reconnaissance des autres.
Tant de publications circulent, visant à montrer à quel point les « noirs » sont une cause perdue. De l’autoflagellation massive. Des vidéos, des textes, des images et tant de commentaires viscéralement amers. Certains diront que c’est pour interpeller, pensant que s’auto dénigrer permettrait de faire avancer. Mais où a-t-on déjà vu de telles stratégies, ailleurs que dans le cadre de l’esclavage ?!
Parce que oui, l’esclave, il faut le remettre à sa place, le rabaisser, le dénigrer et toujours le menacer pour garantir une bonne productivité. Ensuite, cette stratégie s’est transmise dans l’éducation au sein même des familles. Coup de ceinture, de corde, savate, fil électrique, casserole, certains en parlent avec nostalgie comme d’une bonne époque. Une époque où la vie était difficile mais où on avait des valeurs…
Et on trouve normaux des actes qui, commis envers des animaux, sont des crimes. Mais envers des « meubles », ils sont peut-être moins graves…
Dénigrer, frapper, se servir d’un être vivant comme d’un objet, garder un chien enchainé au fond de la cour et le nourrir pour qu’il remplisse ses fonctions. Ce sont autant de comportements observables dans les anciennes colonies et qui sont rentrés dans une norme.
Ce sont des actes graves qui devraient nous interpeller. Ce sont les comportements d’une victime dans la répétition. Une victime qui a fait de son trauma les conditions de son quotidien.
Il y a des pauvres et des stupides partout, mais à en croire ce que certains partagent sur les réseaux et les commentaires ce serait la panacée d’une couleur de peau. Auraient-ils fini par accepter un lien de cause à effet entre une couleur de peau et des actions ?
Comprenez que ces attitudes ne sont pas saines. Nous devons questionner nos comportements. Vous le savez maintenant, aucun enfant n’est devenu intelligent à force d’avoir entendu ses parents lui dire à quel point il est stupide !
Chaque image, chaque son, chaque pensée a une influence sur notre esprit. Or chaque jour, vous vous nourrissez activement d’images dénigrantes du groupe auquel vous vous appartenez. Puis vous revendiquez, vous vous plaignez, alors que vous avez pris le fouet des mains du bourreau pour en développer la maîtrise.
Nous devons changer notre regard sur nous même, et faire le choix de ne plus participer à entretenir voire développer ces représentations de nous-mêmes. Eviter de répéter à quel point, les « noirs » sont mauvais, et que les guyanais ne pourront jamais avancer.
C’est à nous de faire le choix de renaître et d’aligner nos comportements à cette volonté. Travaillons donc à ce changement dans chaque geste de notre quotidien.
Ce texte est orienté vers une population définie, mais il donne à chacun de quoi réfléchir sur les conséquences de ses mots à son sujet. Dans ma famille on a tout le temps des problèmes, les français sont ci ou ça, moi je n'y arrive jamais, sont autant d'autoflagellations qui portent atteinte à notre épanouissement.
Commençons donc à être en amour avec nous-mêmes et à manifester de la bienveillance. Personne ne le fera à notre place.
Apprendre à s'aimer!
Dans ton article Zeba, tu abordes un point sensible sur la transmission de traumatismes hérités de l'esclavage. Quand tu parles des punitions, ça me ramène à ma jeunesse : prendre des coups de ceintures quand je faisais une bêtise c'était "normal" pour moi , même quand j'entendais des jeunes européens être choqués par cette façon de faire, ça ne me faisais ni chaud ni froid. Puis, un jour quand j'étais collégienne, j'ai voulu savoir d'où venait le "martinet" qu'il y avait chez ma grand mère, quel en était son origine, qui avait eu l'idée de le créer, etc.
Au fur et à mesure que j'apprenais l' histoire de mon peuple, je remarquais à quel point il avait…