Les Tahu’a sont des personnages clés de la culture polynésienne bien avant la colonisation. Détenteurs de grands savoirs, fonctions sociales clés et référents spirituels, je vous partage aujourd’hui leur compréhension de la maladie.
Il en existait avec diverses particularités
· « Tahu’a Tautai » décident et dirigent les pêches.
· « Tahu’a Marae » prêtres officiant sur les espaces sacrés.
· « Tahu’a Va’a » dirigent la construction des pirogues.
Bizarrement, avec la colonisation et l’acculturation religieuse, «Tahu’a Marae » disparaissent. Le mot même « Tahu’a » disparaît, remplacé par « Taata hamani ra’au », limité à fabriquer des remèdes avec les plantes.
Le Tahu’a a une approche très particulière de la maladie. En effet il prend en compte les aspects biologiques mais encore plus la façon dont l’individu se représente sa maladie ainsi que son contexte culturel. Hé oui l’ethnopyschiatrie et autres courants n’ont rien de nouveau, sauf pour l’occident.
Car la maladie n’est pas que physique. Les symptômes physiques ne sont que l’expression de malaises encore plus profonds. Or dans la société occidentale c’est la surface qui est traitée, les symptômes, conséquences finales de causes.
Le Tahu’a va donc au-delà des apparences en analysant ces symptômes comme une expression. Il cherche à comprendre ce qui s’exprime, il décode le langage pour y répondre. Il ne cherche pas à taire le symptôme avec des médicaments, il cherche à le comprendre pour y répondre.
Les Tahu’a savent que la maladie est à prendre dans un contexte bien plus globale, dans son contexte social, celui qui conditionne les croyances du patient. Mais aussi en tenant compte du monde invisible. Oui l’approche systémique n’a rien de nouveau non plus, sauf peut-être pour le monde occidental.
A travers ma propre pratique je me suis rendu compte à quel point nos maux exprimaient les mots que nous cachions. Par des séances simples et une écoute particulière, en pénétrant ce qui est représenté comme une scène de crime en 3D, vous pouvez voir ce qui se joue, les interactions, les réelles causes et mobiles. Et grande surprise, une fois que le corps sait que le message est pris en compte, il s’apaise jusqu’à reprendre un fonctionnement normal. Il sait que les causes sont traitées, il n’a alors plus à servir d’alarme.
Les croyances anciennes n’ont rien de mystiques (dans le sens péjoratif du terme). Il faut les comprendre, au même titre qu’une fable.
La vérité est une équation dont l’expression varie en fonction des peuples.
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