Bien que je ne n’aime pas cette expression (marron= cimarron en espagnol= cochon sauvage) je l’utiliserai dans cet article pour la compréhension de tous.
Il y a quelques siècles, la colonisation des terres et l’esclavage des corps :
Je ne vous raconterai pas l’histoire, vous la connaissez. Je m’arrêterai seulement sur ces « noirs-marrons » ces hommes qui n’ont pas fui les plantations comme on nous l’a raconté, mais ces hommes qui se sont battus pour leur liberté au risque de leur vie. Le traitement des esclaves était d’une cruauté occidentale, presqu’inhumaine. Ces hommes étaient reconnus objets appartenant à un propriétaire. Des punitions horribles étaient infligées aux rebelles pour servir d’exemple aux autres. Je suis certaine que ni vos animaux, ni vos objets ne subissent un tel traitement lorsque vous les retrouvez. Mais nous comprenons bien que l’idée est bien de faire peur aux autres, car l’émancipation est la hantise de cette société.
Pour information, les punitions étaient :
Fuite de moins d’un mois : oreille coupée et marquage de la fleur de Lys à l’épaule
A partir d’un mois, jarret coupé et marquage de la fleur de Lys à la deuxième épaule
A la troisième tentative : mort
Voici comment, tout à fait « légalement » et « normalement », ces mots que vous chérissez tant, étaient traités des hommes qui décidaient de se soustraire à la cruauté coloniale. Ils n’étaient pas les plus nombreux, car vous l’aurez compris cet acte, cette pensée même était coûteuse. Leur quotidien était pensé de telle sorte que leur servitude leur semble moins risquée que leur émancipation. La plupart avait donc tendance à adopter les comportements plaisant aux maîtres pour s’éviter les sévices et s’assurer un minimum de paix en ne se faisant pas remarquer.
Mais certains osaient, trop dignes, trop fiers et trop conscients, ils l’ont fait. Ils ont pensé la vie en dehors du système imposé. Ils sont partis et ont créé leur vie. Ils ont organisé une autre société, ils ont appris de leur nouvel environnement et ont préparé des vivres pour les prochains camarades. Parce que le marronnage n’est pas seulement un acte héroïque d’un instant, c’est tout un mode de vie choisi et assumé.
De plus en plus de personnes prennent conscience de la lourdeur de ce passé. Mais ce passé est-il réellement passé ?
Depuis quelques siècles, la colonisation mentale et l’esclavage des esprits:
L’exploitation tourne continuellement, il faut produire pour satisfaire un petit nombre. La compensation : acheter le droit de boire et manger. Beaucoup se plaignent, murmurent ou revendiquent, ils réclament la clémence du maître. « Pourquoi partir ? La vie est dans la plantation, comment pourrions-nous vivre autrement ? Nous avons besoin de cet ordre imposé, sans quoi ce se serait n’anarchie. Nous avons besoin d’être intégré, pour ne pas être marginalisé ou marqué au fer rouge pour une attitude différente. Et nous avons bien vu comment sont traités ceux qui sortent des rangs, il est bien plus sage de rester discret en espérant l’abolition de cet esclavage moderne aux prochaines élections ».
Il n’y a plus de lys marqué sur la peau, il y a des mots tels que marginal, asocial, terroriste, rebelle, marqués dans les esprits. Il y a la dépendance à ce qui est proposé, comme si en dehors de ces institutions corrompus, il n’y avait point de vie. La peur de ne plus pouvoir manger et boire quand les mêmes options sont toujours présentes. La peur de mourir quand la vie est comateuse.
Vous me le dîtes et j'en suis consciente, les choses sont bien faîtes. Vous avez l'impression de ne pas avoir le choix, vous savez bien que quelque chose ne va pas mais nous ne voyez pas de perspectives à votre portée. Et surtout, vous avez peur d'empirer votre situation déjà si sensible. Ce n'est pas que vous êtes heureux, c'est que vous craignez d'être encore plus malheureux. La société fonctionne comme étau, et en ce moment, cet étau se resserre. Si les choses sont de plus en plus en plus tendu, c'est parce qu'il y a de plus en plus de personnes qui se réveillent.
Le marronnage aujourd’hui encore n’est pas seulement un acte héroïque, c’est un mode de vie. C’est un choix à assumer au quotidien. C’est une organisation qui se pense au-delà du système. Le marronnage c’est décider de pourvoir à ses besoins autrement, c’est se soigner autrement, c’est éduquer autrement.
Le marronnage se passe de l’avis de celui qui croit contrôler, il ne prend pas en compte les règles sociales mais les règles de vie. Le marronnage implique d’avoir pour priorité la vie. Le marronnage, c’est prendre le risque de créer.
Parce que la meilleure façon de détruire un système, ce n’est pas de le combattre mais d’en créer un autre…
Exact! Zeba a cité certaines règles instaurés par les colons européens esclavagistes. Lisons le "code noir" si ça n'a pas encore été fait. Ce code faisait office de loi à l'encontre des captifs africains.